La mode n’est qu’un éternel recommencement, et l’automobile n’y échappe pas que nous parlions des dernières nouveautés qui reprennent parfois quelques gimmicks lancés par d’horribles tuneurs fous ou des autos un peu plus anciennes sur lesquelles commencent à se pencher nostalgiques et collectionneurs.
Et parce qu’il est amusant d’observer le monde de l’automobile par le petit bout de la lorgnette, je m’intéresserai ici à un petit élément extérieur mais qui fait souvent beaucoup : le phare.
Aujourd’hui souligné par des leds de jour très à la mode, le phare qui donne à l’auto toute sa personnalité a longtemps daté nos chères autos avec un jaune trahissant une mise en circulation remontant aux années 80. De nombreux possesseurs de véhicules roulant en jaune ont cédé à la tentation du blanc rajeunissant leurs montures de quelques années.
J’avais à l’époque posté ceci sur un forum automobile :
(Intervention postée le 26 février 2007 Automobile Sportive)
« Pour la petite histoire -et parce qu’elle est quand même amusante- les phares jaunes sont longtemps restés une spécialité française, une exception culturelle d’une certaine manière…
L’adoption par la France des phares jaunes ne doit rien au hasard. Cette mesure prise en 1936 répond à un besoin de l’armée française. Celle-ci doit, en effet, pouvoir identifier l’arrivée d’une colonne ennemie.
Les phares des véhicules allemands sont blancs… les français seront donc jaunes.
Assez mystérieusement l’interdiction des phares blancs est restée en vigueur bien après le débarquement allié et même la chute du Mur de Berlin…
Ce n’est toutefois qu’en 1993 que la France autorise l’utilisation des phares blancs. La France est alors le seul membre de l’Union européenne à rouler encore « jaune »…
Le Décret no 92-494 du 4 juin 1992 modifiant certaines dispositions du code de la route relatives à l’éclairage et à la signalisation vient en effet « modifier » les dispositions des articles R. 83 et suivants du Code de la Route.
Art. 1er. – L’article R.83 du code de la route est remplacé par les dispositions suivantes:
<<Tout véhicule automobile doit être muni à l’avant d’au moins deux feux de route émettant vers l’avant, lorsqu’ils sont allumés, une lumière jaune ou blanche éclairant efficacement la route la nuit, par temps clair, sur une distance minimale de 100 mètres.>>
Art. 2. – Le premier alinéa de l’article R.84 du code de la route est remplacé par les dispositions suivantes:
<<Tout véhicule automobile doit être muni à l’avant de deux feux de croisement, et de deux seulement, émettant vers l’avant, lorsqu’ils sont allumés, une lumière jaune ou blanche éclairant efficacement la route la nuit, par temps clair, sur une distance minimale de 30 mètres sans éblouir les autres conducteurs.>>
Art. 3. – Le premier alinéa du 1o de l’article R.92 du code de la route est remplacé par les dispositions suivantes:
<<Feux de brouillard: tout véhicule automobile peut être muni de deux feux de brouillard émettant de la lumière jaune ou blanche.>>
Ces dispositions ont abrogées en 2003 pour être reprises à l’article R. 313-2 du Code de la Route.
Article R313-2 du Code de la Route (Décret nº 2003-536 du 20 juin 2003 art. 5 Journal Officiel du 22 juin 2003)
« Feux de route.
I. – Sauf dispositions différentes prévues au présent article, tout véhicule à moteur doit être muni à l’avant de deux ou de quatre feux de route émettant vers l’avant une lumière jaune ou blanche permettant d’éclairer efficacement la route la nuit, par temps clair, sur une distance minimale de 100 mètres. »
Voilà le blanc est autorisé… et maintenant on regrette le jaune, l’herbe est toujours plus verte chez le voisin, c’est ce que m’expliquait déjà il y a quelques années un étudiant qui venait des Etats-Unis et qui ramenait chez lui des clignotants « big orange » pour sa bettle… super exotique m’avait-il dit! Au même moment, chez nous la grande mode était de monter des clignos US sur nos cox… »
Voilà pour la petite histoire de l’époque. Depuis, la mode des youngtimers est venue relancer cette question des phares jaunes avec l’arrivée de passionnés et souvent de puristes ayant à cœur de remettre leurs autos dans un strict état d’origine.
On assiste, ainsi, à un retour du jaune pour des autos qui étaient passées au blanc dans les années 90.
Mais la mode du jaune pourrait aussi bénéficier d’un autre coup de pouce en provenance du Mans. Les amateurs auront pu observer ce week-end (outre la domination d’Audi assez logique avec le départ de Peugeot) la présence de phares jaunes sur les Ferrari, Porsche, Aston et autres GT…
Pour le coup, la mode n’y est pour rien, ce retour en force du jaune provient en réalité de la réglementation ACO qui prévoit l’adoption de phares jaunes pour les véhicules de catégorie GT et de phares blancs pour les protos.
En blanc, donc, les prototypes LM P1 (catégorie reine, où l’on a pu retrouver cette année les hybrides Audi et Toyota et pas Peugeot..), et les protos LM P2 (largement motorisée par Nissan).
Et en jaunes les véhicules plus lents…
Plus faciles ainsi d’anticiper pour les coureurs les différences de vitesses entre les autos…
On indiquera simplement aux commentateurs que cette utilisation de phares blancs et jaunes n’est pas une nouveauté au Mans. Ce n’est donc pas cette édition 2012 qui relancera à elle seule la mode du jaune même s’il est vrai qu’avec une gagnante (toute « e tron » qu’elle soit) qui s’appelle R18, on ne peut s’empêcher de penser aux années 80…